Par Mathieu Descheneaux
Il est indéniable que les transports sont responsables d’une part importante des émissions de carbone que la plupart des pays du monde s’efforcent de réduire. Au Canada, le secteur des transports est responsable d’au moins 25 % des émissions globales de GES du pays, le transport de marchandises représentant près de la moitié (42 %) des émissions totales du secteur des transports. À ce titre, les entreprises de transport peuvent faire une réelle différence lorsqu’il s’agit d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone de notre pays.
L’une des façons pour l’industrie de réduire ses dépenses est de s’engager dans la transition énergétique, y compris le passage aux véhicules électriques (VE), qui deviennent de plus en plus populaires auprès des consommateurs. En 2021, 5,3 % des immatriculations totales de voitures seront des VE, contre 2,9 % en 2019 et 1 % en 2017. Les constructeurs automobiles et les fabricants de batteries investissent également des milliards dans de nouvelles installations pour répondre à la demande anticipée, et les gouvernements leur emboîtent le pas avec une myriade d’investissements et d’incitations fiscales visant à encourager les consommateurs et l’industrie à adopter les VE.
Les VE sont également plébiscités par les acheteurs de camions moyens et lourds, et ce pour de bonnes raisons : avec une moyenne de 120 kWh par jour, nos camions électriques de classe 6 coûtent 90 % de moins que le ravitaillement en carburant d’un camion à moteur à combustion interne. Les camions de livraison électriques que nous utilisons — des petites camionnettes aux différents types de camions pour notre service de livraison à domicile existant — permettent d’économiser 294 tonnes de CO2 par an, ce qui équivaut à supprimer les émissions produites par 125 000 litres de gaz.
Mais si les immatriculations de camions électriques ont plus que doublé en 2021 d’une année sur l’autre, il reste encore beaucoup à faire avant que l’adoption ne se généralise. En 2021, il n’y avait que 66 000 poids lourds électriques en circulation dans le monde, soit à peine 0,1 % de la flotte mondiale.
Encourager l’adoption des VE
Chez Chaîne D’Approvisionnement Metro, nous continuerons à investir dans une variété de véhicules électriques. Nous souhaitons également que davantage d’entreprises adoptent les VE, mais le rythme du changement est entravé par plusieurs facteurs. L’un des problèmes immédiats est qu’il n’a pas été facile jusqu’à présent d’acquérir des véhicules de taille appropriée au Canada, l’offre étant insuffisante sur le marché. Le coût d’un camion électrique étant encore élevé, les véhicules à moteur à combustion interne conservent un avantage économique.
L’un des principaux problèmes, cependant, reste l’infrastructure. Les VE nécessitent un réseau de stations de recharge fiables et accessibles et, jusqu’à présent, le déploiement de stations capables de desservir les véhicules utilitaires lourds (VUL) a été lent. À l’heure actuelle, les délais de construction des stations sont trop longs, tandis que l’investissement requis pour un chargeur de niveau 3 — le type de chargeur nécessaire pour les camions de poids moyen et lourd — peut aller de 30 000 à 80 000 dollars par chargeur. Une planification stratégique beaucoup plus poussée est nécessaire pour concevoir et développer une infrastructure qui réponde aux besoins du marché de grande valeur.
Nous essayons de faire notre part pour aider à résoudre les problèmes d’infrastructure. Par exemple, notre équipe Quick Contractors a contribué à l’installation, à l’entretien et à la maintenance de stations de recharge pour de nombreux fabricants, détaillants et fournisseurs de services publics. À ce jour, nous avons contribué à installer plus de 4 000 bornes de recharge sur les routes et autoroutes du Canada. Avec chaque installation, notre expertise s’est développée au point que nous pouvons fournir une assistance à la main-d’œuvre au niveau national pour plusieurs marques de stations de recharge. Nous avons également créé un chargeur mobile, qui peut être utilisé pour recharger les batteries des camions partout où cela est nécessaire.
Engagés à investir dans l’électrification, nous avons récemment sponsorisé et participé à l’Electric Autonomy EV & Charging Expo qui s’est tenue à Toronto, au Canada. Avec plus de 2 000 participants et plus de 70 orateurs compétents, la conférence a été une excellente occasion pour notre équipe de partager et de discuter des stratégies qui améliorent la transition vers les véhicules électriques dans notre secteur et dans d’autres avec plusieurs experts de l’industrie.
Nous savons que la voie de l’électrification ne sera pas possible sans le soutien du gouvernement, c’est pourquoi nous sommes fiers de pouvoir présenter l’honorable Victor Fedeli, ministre du développement économique, de la création d’emplois et du commerce du gouvernement de l’Ontario, pour son discours d’ouverture de l’exposition. Le ministre Fedeli a rappelé que la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques est un élément essentiel de notre stratégie provinciale, qui stimule la croissance économique et le développement durable.
Options de tarification
Nous sommes également attentifs à l’évolution de l’infrastructure des batteries et de la recharge des VE dans d’autres pays. L’une des stratégies consiste à échanger une batterie usagée contre une batterie fraîchement chargée, une opération qui ne nécessiterait pas plus de quelques minutes d’immobilisation. Une autre proposition européenne prévoit d’équiper certains couloirs très fréquentés de systèmes routiers électriques qui alimentent les véhicules pendant qu’ils roulent, à l’instar de ce qui se fait dans de nombreux trains ou métros.
Les carburants propres tels que la technologie des piles à hydrogène, qui convertit l’énergie chimique de l’hydrogène en électricité, se profilent également à l’horizon. Étant donné que ses seuls sous-produits sont l’eau et la chaleur, un véhicule à hydrogène n’émettrait pas de dioxyde de carbone ni d’autres émissions génératrices de smog. Les véhicules à hydrogène ne nécessitent pas de source de charge externe. Le carburant est produit par des cellules alimentées par l’hydrogène stocké dans un réservoir à l’intérieur du camion. Un camion peut faire le plein en 15 minutes et rouler pendant 1 000 kilomètres avant de devoir refaire le plein.
Il faudra cependant attendre un certain temps avant que la technologie de l’hydrogène ne devienne une alternative viable aux VE. Aujourd’hui, les piles à combustible sont coûteuses à produire, tandis que l’hydrogène est actuellement produit à partir de sources non renouvelables telles que le charbon et le gaz. Le stockage est également un problème, car l’hydrogène doit être comprimé à l’état liquide et stocké à des températures plus basses pour être efficace — et ce type d’infrastructure n’est pas facilement disponible. Il s’agit néanmoins d’une technologie qui mérite d’être observée.
Il reste encore des kilomètres à parcourir
L’infrastructure des VE n’est pas encore en place, mais si l’on en croit les Pays-Bas, nous pouvons y arriver. Ils ont élaboré une stratégie nationale qui engage le pays à tripler le nombre de ses stations de recharge d’ici 2025 et à le multiplier par huit d’ici 2030. Et ce, dans un pays qui possède déjà le réseau de recharge de VE le plus dense d’Europe. Il est évident que les différences géographiques entre les Pays-Bas et le Canada sont considérables, mais leur approche agressive peut être imitée ici pour s’assurer qu’au Canada, les camions seront bientôt considérés comme un élément clé de la solution au problème du climat.